Le 26 janvier j’étais en direct sur Bugey Radio avec Sandrine Donzel dans son émission « Entre Nous » spéciale « Troubles Dys ».

Si vous n’avez pas pu l’écouter en direct, voici l’intégralité de l’émission en replay ici :
Et voici ce que j’avais prévu de dire car oui j’ai oublié des choses (entre le stress et la grossesse…) alors voici un petit résumé assez général de ce que j’ai pu trouver dans des brochures ou sur le net.
– C’est quoi un trouble DYS ?
Les troubles de l’apprentissage, ou troubles « dys » sont définis comme l’ensemble des dysfonctionnements dans la capacité à acquérir des connaissances.
Ces troubles entraînent des difficultés dans la vie de tous les jours et en particulier dans le milieu scolaire, car ils empêchent les enfants d’acquérir correctement les apprentissages de base (lecture, écriture, expression). Ils sont souvent diagnostiqués tard, une fois que les enfants sont en situation d’échec scolaire.
Les conséquences peuvent devenir désastreuses s’ils ne sont pas dépistés, diagnostiqués et pris en charge, c’est l’effet domino :
- Difficultés scolaires
- Démotivation
- Baisse de l’estime de soi, dépression
- Instabilité, troubles du comportement
- Conduites à risque
- Echec scolaire
- Addictions
- Echec professionnel et social
Attention toutefois à ne pas confondre troubles de l’apprentissage et intelligence. Ces difficultés sont souvent un obstacle à l’évolution dans le milieu scolaire, mais ne sont pas un manque d’intelligence !

Il existe de nombreux troubles « dys » dont :
- Troubles du langage écrit : dyslexie/dysorthographie
- Troubles des activités numériques : dyscalculie
- Troubles du langage oral : dysphasie
- Troubles moteurs : dyspraxie
Focus sur La dyspraxie : est un trouble neurologique qui consiste en une difficulté à réaliser certaines opérations simples comme l’habillage, les repas, le graphisme, et en fait toutes les opérations nécessitant la coordination de mouvements complexes. Le dyspraxique est obligé de penser à ces gestes pour les réaliser. C’est donc un trouble qui se manifeste par une maladresse systématique, une coordination difficile des mouvements et par conséquent au niveau de l’enfant par une difficulté importante d’apprentissage lié à une grande fatigue.
*** Détection / diagnostic

– Quels sont les éléments qui peuvent alerter un parent ou un professionnel ?
Le premier alerteur c’est l’inquiétude des parents. On peut soupçonner un trouble dys lorsque que l’on constate que quelque chose ne va pas dans le développement de son enfant : il parle mal, a des difficultés à boutonner son gilet, à lacer ses chaussures, à tenir un crayon et à dessiner. A l’école, l’écriture, la lecture ou le calcul posent problème, il suit difficilement, ses résultats ne sont pas satisfaisants et ses cahiers très mal tenus.
Souvent l’enseignant alerte également les parents mais pas toujours « de manière adéquate » (votre enfant est déficient intellectuel, il est sourd…) car ce sont des enfants déroutants et surtout par manque de formation.
Mais attention, ces problèmes peuvent aussi n’être que passagers et se résorber naturellement avec le temps. Chez les plus jeunes, il est très difficile de distinguer un trouble dys d’un simple retard des acquisitions, le cheminement de l’apprentissage étant différent pour chaque enfant, les uns apprenant vite, les autres ayant besoin de plus de temps.
D’où l’importance de consulter un professionnel (médecin traitant, scolaire, pédiatre) qui déterminera s’il y a lieu d’entreprendre une démarche de diagnostic plus poussée.
– Comment et par qui le faire faire ?
Pour la dyslexie, on commence souvent par aller voir son généraliste qui va nous renvoyer généralement vers un orthophoniste. Il s’agit du professionnel numéro un pour dépister ce type de trouble. Si le trouble est léger, l’orthophoniste est la personne qui pourra, en plus de le détecter, aider le patient. Le problème est qu’avec ces enfants il ne faut pas passer à côté de quelque chose d’autre (problème d’audition par exemple). Donc, selon le degré du trouble dyslexique, on conseille aussi de faire un bilan pluridisciplinaire. En général, il y aura en plus de l’orthophoniste une équipe composée d’un psychomotricien, d’un ergothérapeute, d’un psychologue, voire d’un neuropsychologue. Tous ensembles vont mesurer grâce à des tests les capacités de l’enfant. Le but, c’est d’écarter l’hypothèse d’un problème sensoriel, et de la déficience intellectuelle. La dyslexie n’a rien à voir avec cette dernière.
Pour la dyspraxie par contre c’est toujours une prise en charge pluridisciplinaire qu’il faudra mettre en place, avec des tests neuropsychologiques pour poser le diagnostic.
Au passage, il ne faut pas oublier la dyspraxie visuo-spatiale qui est un problème du geste de l’oeil où l’enfant a du mal à suivre les lignes. En fait, ces enfants-là ne rentrent pas dans la lecture et ils se perdent car ce qu’ils lisent n’a plus de sens. Dans ce cas les parents peuvent se tourner vers un orthoptiste qui fera de la rééducation des yeux pour aider l’enfant à bien fixer son regard.
La dysphasie a elle aussi une prise en charge pluridisciplinaire. Avec ce trouble sévère du langage on doit éliminer d’entrée un doute sur la surdité de l’enfant
– Que faire si on a des doutes ?
Plusieurs bilans à réaliser :
- Le bilan orthophonique concerne l’évaluation du langage oral, du langage écrit et du raisonnement logico maths
- Le bilan psychomoteur concerne l’évaluation de l’articulation entre le corps et l’esprit : tonus, latéralité, motricité, adresse, organisation spatiale et temporelle
- Le bilan ergothérapique concerne l’évaluation de la motricité fine, de l’autonomie de vie quotidienne, des capacités fonctionnelles à l’utilisation des aides techniques
- Le bilan psychométrique (WISC IV) évalue les différentes aptitudes intellectuelles essentielles aux processus d’apprentissage et permet de détecter les forces et les faiblesses de la personne
- Le bilan orthoptique concerne l’évaluation des capacités visuelles : équilibre oculomoteur, orientation du regard
Une personne doit rassembler tous les éléments pour aller vers un diagnostic et c’est souvent le rôle d’un neuropédiatre ou neurologue.
– Où réaliser ces bilans ?
En libéral, en CMP (centre médico psychologique : établissement public qui regroupe des spécialistes de la santé. Contrairement aux praticiens libéraux, les consultations en CMP sont entièrement prises en charge par la sécurité sociale). Dans les CHU : les centres de référence Trouble Spécifique des Apprentissages peuvent être interpellés chaque fois que la situation de l’enfant nécessite le recours à un niveau d’expertise. Cas de situations sévères et/ou complexes. Les CR TSA n’ont pas vocation d’intervenir en première intention.
– A quoi sert le diagnostic ?
Le diagnostic permet
- de mettre en place les rééducations les plus appropriées, sachant qu’il est utile de faire des pauses thérapeutiques pour éviter une trop grande fatigue car les emplois du temps deviennent vite surchargés.
- d’obtenir une reconnaissance administrative de personne en situation de handicap afin que les enfants puissent avoir une scolarité aménagée au plus près de leurs besoins
Reconnaissance de personne en situation de handicap
Si, à cause d’un troubles dys mis en évidence par un diagnostic, une personne voit sa vie en société restreinte, elle peut demander la reconnaissance de sa situation de handicap, ainsi l’enfant peut avoir la même égalité de chance dans les accès aux savoirs.
Le formulaire de demande est rempli par la personne ou le parent, il comprend trois parties :
- Partie médicale : certificats et bilans
- La partie scolaire : GEVA-Sco (outil de recueil de données scolaires rempli par l’équipe éducative ou par l’ESS) et tout élément permettant une meilleure analyse du dossier
- Le projet de vie rédigé par les parents expliquant sa situation, ses aspirations, ses besoins et ses souhaits.
Ce dossier est étudié par une Equipe Pluridisciplinaire d’Evaluation de la MDPH (maison départementale de la personne handicapée, qui évalue les capacités et besoins de la personne et fait des propositions de décisions (PPS : plan personnalisé de scolarisation).
Ces propositions sont envoyées à la famille qui a 15 jours pour faire ses remarques puis ce plan est soumis à la CDAPH (commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées) qui décide de l’attribution des aides et des prestations.
Il faut compter environ 4 mois pour le traitement du dossier (si celui-ci est complet).
Les aides
Sont attribuées pour une durée déterminée et sont renouvelables.
Les aides (aménagements pédagogiques, aides humaines et/ou matérielles…) n’avantagent pas l’enfant dys par rapport aux autres. Elles sont mises en place pour rétablir l’égalité des chances et servent à compenser son trouble car du fait de la pathologie qu’elle présente, la personne dys est obligée de fournir une quantité de travail souvent plus importante que ses pairs, pour la plupart du temps parvenir à des résultats moindres.
– Quel est l’intérêt de ne pas attendre et de repérer tôt ?
Plus on s’en occupe tôt, plus on peut mettre en place des stratégies. Avant que les apprentissages se fassent. Si c’est fait, ces enfants apprennent mieux dès le départ et avec les bonnes bases. Mais surtout, agir de façon précoce permet d’éviter le surhandicap. C’est-à-dire que si l’on ne s’en occupe pas, l’enfant aura toujours quelque chose qui ne marche pas bien, sans savoir quoi. Et petit à petit il risque de se sentir dévalorisé, et de perdre son estime de lui-même. Résultat, des troubles psychologiques peuvent se surajouter au « dys ». Cela peut arriver chez l’enfant qui va se replier, et ne pas aller vers ses camarades. Tout simplement parce qu’il n’est pas bien dans sa peau.
L’intérêt de dépister tôt est le même pour tous les « dys ». Ces enfants ne doivent pas perdre leur estime de soi.
– La question du sur-diagnostic ?
Je ne pense pas qu’il puisse y avoir de sur-diagnostic si on réalise les tests par des personnes compétentes et que surtout toutes les informations obtenues se recoupent et sont analysées par un neuropsy…il ne devrait pas y avoir de sur-diagnostic. Sachant que l’enfant évolue et que son diagnostic peut évoluer aussi. Mais attention on naît dyspraxique et on le reste ! même si les stratégies et les compensations vont permettre d’avoir une scolarité correcte.
*** les spécificités des enfants DYS

– C’est quoi la vie d’un enfant – ou d’un adulte – atteint de ce type de troubles ?
Les principales atteintes de la dyspraxie
Ces enfants sont plus maladroits que les autres. Et la maturité motrice ne se fait pas chez eux, malgré les mois qui passent. Un geste mobilise plusieurs actions simultanées, or l’enfant dyspraxique ne peut pas faire deux actions simultanées :
Impacts sur les habitudes de vie
Alimentation
Mouvements de la bouche et des mâchoires : très difficiles car beaucoup de muscles, la langue et la mâchoire, nombre de muscles en fonctionnement simultané
- Mâche la bouche ouverte. Se mord les doigts ou la langue en mangeant ou s’étouffe en buvant son verre d’eau
- Est malhabile avec les ustensiles qu’il apprend tardivement à utiliser.
- Renverse fréquemment les liquides et la nourriture.
Habillement
Assemblage, symétrie, perception de l’espace impossible
- Acquiert lentement son autonomie.
- Éprouve de la difficulté avec les attaches et à apprendre à faire les noeuds et les boucles.
- Localise mal la manche d’un vêtement
- Peut mettre les 2 jambes dans la même jambe de pantalon.
- Mêle l’avant et l’arrière des vêtements.
- Ne sait pas dans quel ordre mettre ses vêtements
- Enfile difficilement les bas et les chaussures.
Hygiène
L’action complexe est difficile
- A de la difficulté à apprendre à se brosser les dents.
(exemple : se laver les dents implique : prendre la brosse à dent, mettre le dentifrice dessus (ouvrir le bouchon, presser le tube, déplacer le tube), amener la brosse à sa bouche (lever le bras, plier le coude, tourner la main pour amener la brosse en face des dents, avancer la brosse au niveau des dents), se brosser les dents (mouvements de gauche à droite A.R., mouvement du poignet haut, bas), remettre sa main à sa place.
- Apprend difficilement à se moucher.
Déplacements
- Peut éprouver de la difficulté dans les escaliers.
- Peut tomber ou se frapper aux objets.
Ces enfants sont verbalement performants mais il existe un problème de lenteur, d’élocution .
=> Risque d’arrêt de la communication à cause des frustrations liées à la rapidité des autres élèves à répondre (lève le doigt en classe puis plus rien)
=> Risque d’arrêt de la communication par l’enseignant qui doit lui laisser le temps de répondre en empêchant les autres de le faire
– Quels sont les spécificités de ces enfants ? leurs difficultés particulières ?
La première chose à traiter c’est la confiance en soi. Les personnes dys n’ont pas d’atteintes intellectuelles et l’atteinte est la plupart du temps invisible.
Les conséquences se traduisent par :
- Des difficultés sur l’ensemble des apprentissages dans une société de l’écriture
- Des difficultés de mémorisation qui gênent l’apprentissage des bases
- Des troubles du comportement
- Une mise à l’écart
PORTRAIT DE L’ENFANT DYSPRAXIQUE
L’enfant dyspraxique :
- A une pauvre estime de lui-même.
- Vit régulièrement des frustrations.
- Apparaît entêté.
- Se désorganise facilement et régulièrement.
- N’aime pas les changements soudains dans la routine et s’y adapte mal.
- Évite les nouvelles situations et les défis.
- Présente un comportement parfois immature.
- Paraît maladroit, dans la lune.
- Bute contre les personnes, les objets.
- Est maladroit dans les jeux moteurs.
- Démontre de pauvres habiletés de motricité fine, échappe souvent des objets.
- Développe plus lentement l’autonomie aux activités de la vie quotidienne.
- Éprouve de la difficulté à comprendre et à suivre des consignes.
- A des difficultés dans les apprentissages scolaires.
Mais il est intéressant de pointer les forces de nos enfant dys car ce sont grâce à leurs forces que ces enfants vont s’en sortir : voir carte mentale.
La théorie d’ intelligences multiples de Howard Gardner permet à chaque individu de s’appuyer sur des capacités naturellement plus développées pour augmenter les autres car tout le monde dispose de plusieurs types d’intelligence.
– Comment accompagner un enfant DYS au quotidien ?

Ce qu’il ne faut pas faire en classe comme à la maison :
- Nier l’échec
- Culpabiliser l’enfant en classe ou à la maison (le traiter de paresseux, lui dire que c’est de sa faute)
- Le mettre face à son échec systématiquement
- Le forcer à faire ce qu’il ne peut pas faire et ne pourra peut-être jamais faire
Abandonner les clichés :
- Fais un effort !
- Il ne fait pas attention, c’est pour ça !
- Applique-toi ! quand tu t’appliques, il n’y a pas de problème !
- Il faut travailler régulièrement !
- De toute façon, il ne travaille que quand il a envie !
- Il fait tout à la va vite
- Tu vois quand tu veux, tu peux !
Alors que … « il veut toujours, mais ne peut pas toujours…. »
Il est inutile de répéter plusieurs fois la même chose. Si ce n’est pas compris, il est préférable de reformuler et/ou présenter différemment.
Donner aux parents la place qui leur revient : Ils doivent être partenaires à part entière dans le dialogue qui s’instaure, ils doivent être écoutés et respectés, leur avis a autant de valeur que celui des autres.
QUELQUES CONSEILS
- Enseigner aux gens que la dyspraxie n’est pas dûe à un manque de stimulation ou d’entraînement mais bien à une immaturité neurologique.
- Préparer l’entrée scolaire en rencontrant l’enseignant avant le début des classes. Ce geste permet de rassurer l’enseignant sur les capacités de son futur élève.
- Favoriser l’intégration de l’enfant auprès de ses pairs. Au besoin, leur expliquer ce qu’est la dyspraxie en faisant ressortir les forces et les difficultés des enfants qui en sont atteints.
- Permettre à l’enfant de verbaliser ses émotions et ses frustrations et reconnaître que celles-ci sont justifiées. Aider l’enfant à gérer le stress des diverses situations de la vie
- Voir l’enfant de façon positive et croire à sa réussite, pour qu’il fasse de même. Féliciter l’enfant lorsqu’il réussit bien quelque chose même si la réussite semble banale pour quelqu’un qui n’a aucun trouble moteur.
- Accepter que l’enfant ait besoin de plus de temps pour faire divers apprentissages.
- Faire des jeux utilisant les sens : toucher, vue, audition et faisant appel aux mouvements de leur corps dans l’espace.
- Commencer par enseigner à l’enfant des tâches motrices simples plutôt que complexes; de plus, décortiquer les tâches complexes en de multiples petites actions qui pourront être décrites verbalement et démontrées.
- S’assurer que quelqu’un demeure près de l’enfant pour le diriger dans ses actions, surtout lors d’un nouvel apprentissage. Graduellement, cette personne pourra prendre ses distances et laisser l’enfant agir seul.
– comment accompagner dans la classe ?

Pour la dyspraxie visuo-spatiale par exemple on peut mettre en place des aménagements. On va augmenter l’espacement entre les mots et les lignes. On va aussi surligner une ligne d’une couleur et alterner. L’idée c’est de mettre en place des repères dans l’espace.
Concernant le reste des dyspraxiques qui ont du mal avec le geste on peut prendre la décision d’avoir recours à l’ordinateur à l’école. Car l’écriture est un geste très compliqué pour eux. Taper sur la lettre A est une tâche moins complexe que l’écrire.
Pour la dyslexie, on peut envisager la synthèse vocale. Cette technique informatique de reconnaissance automatique de la parole permet d’analyser la parole captée au moyen d’un microphone pour la transcrire sous la forme d’un texte exploitable. Bien utilisée, cette technologie se révèle efficace et peut soulager l’élève de la contrainte de l’orthographe des mots pour qu’il se concentre uniquement sur la rédaction du texte.
Et surtout écouter l’intervention de Mamie Sylvia lors de l’émission !
Les dys ont des talents qui ne s’expriment pas ou peu ou mal selon les normes communément établies. Ces personnes ont besoin de prendre confiance en elles pour dépasser les situations de handicap occasionnées par leur trouble et révéler leurs capacités.
Sandrine du blog S comm C vous donnera d’ailleurs des pistes pour mieux aider un enfant en difficulté autour de sa confiance en lui dans son article Comment accompagner un enfant en difficulté ?
Ne pas oublier l’approche magique qui fonctionne avec nos dys et avec tous les enfants: LA BIENVEILLANCE

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