Ma vie de « special mother » : Les punitions à l’école, mes interrogations…des solutions ?

images A quoi servent les punitions à l’école ? Ont-elles un but éducatif, pour apprendre aux enfants comment se comporter en collectivité ? J’aimerais comprendre, qu’on m’explique, qu’on me donne les raisons pour lesquelles les enseignants punissent les élèves…

 

Les punitions et les récompenses sont tellement ancrées dans notre système éducatif qu’il est certainement difficile pour les enseignants de savoir comment faire autrement voire même penser que l’on peut faire autrement.

Imaginez une scène de cour d’école : deux enfants qui ne s’apprécient pas et qui sont en conflit depuis des mois, une partie de foot à la récré, une action de jeu qui dérape. Un des enfants tombe à terre et se met à pleurer. La maîtresse n’a pas vu l’action mais intervient, elle s’adresse à l’enfant qui a porté le coup :

maîtresse : « t’as fait exprès ? »                                                                                       l’enfant : « non je n’ai pas fait exprès »                                                                         maîtresse : « regarde-moi bien, t’as fait exprès ? »                                                             l’enfant : « non c’est pas de ma faute, j’ai pas fait exprès »                                                     un autre enfant tente de le défendre mais la maîtresse ne veut pas l’entendre                maîtresse : « bon écoute maintenant tu vas me dire la vérité, t’as fait exprès, alors ? »  l’enfant : « heu…oui »                                                                                                             maîtresse : « tu seras puni pendant 1 semaine de foot et je vais écrire un mot à tes parents »

Imaginez maintenant que cet enfant, celui qui a porté le coup, est un enfant dyspraxique, qu’il a simplement voulu récupérer le ballon dans une action de jeu mais que la maîtrise de ses gestes n’est pas encore totalement acquise. C’est également un enfant qui a beaucoup de difficultés langagières et il est très difficile pour lui de raconter n’importe quelle situation surtout dès qu’il est débordé par ses émotions. Je rajoute que le foot est sa passion, son défouloir à chaque récréation et donc un besoin « indyspensable ».

Que pensez-vous de cette punition ? La réponse : « il fallait bien taper là où ça fait mal pour qu’il comprenne, le punir de ce qui compte le plus pour lui »…

Que veut-on apprendre à cet enfant par la punition ? A jouer plus tranquillement, à réduire son agitation ? A être maître de ces gestes ? La punition sera-t-elle efficace la prochaine fois qu’il se retrouvera sur un terrain de foot aux côtés de cet enfant ?

Dans son mot, la maîtresse a parlé de « taper », de « violence » et d' »inacceptable ».

Voici les mots de l’enfant à ses parents à son retour de l’école : « ce n’est pas dramatique », « je n’ai pas fait exprès », je n’ai pas voulu lui faire mal », « j’ai l’image dans ma tête, je vois l’action… » (là il refait l’action avec un ballon)

La punition a-t-elle ouvert une voie de communication entre la maîtresse et lui ? Un long chemin d’incompréhension plutôt…

La punition entraîne chez les enfants des sentiments de peur, de tristesse, d’incompréhension, de colère voire même de vengeance.

J’aime bien cette citation de Haim Ginott :  » La punition ne décourage pas l’inconduite. Elle ne fait que rendre le coupable plus prudent dans l’accomplissement de ses crimes, plus adroit à dissimuler ses traces, plus habile à éviter qu’on le détecte. Quand un enfant est puni, il prend la résolution de devenir plus prudent, non celle de devenir plus honnête et plus responsable »

Je reprends donc l’exemple de cet enfant qui a été puni de foot et qui pendant 1 semaine a regardé ses camarades jouer sans rien faire d’autre. Cet enfant a passé une semaine à ruminer cette punition qu’il trouvait très injuste. Il a été très désagréable toute la semaine, a menti à plusieurs reprises (par peur d’être à nouveau puni ?) Cet enfant à la fin de la semaine était même persuadé qu’il avait menti, à ses parents, que finalement oui, il avait mis ce coup « volontairement », qu’il l’avait fait exprès mais juste « un peu exprès » (car à la question : « as-tu voulu lui faire du mal ? » il a toujours répondu « non »). Il s’est certainement senti méchant, en colère et a tout fait cette semaine là pour l’être.

Ses parents lui ont demandé comment la maîtresse aurait pu faire pour régler le problème autrement que par la punition. L’enfant a répondu : « en discutant« .

Oui tout simplement en discutant…

Cette situation de « punitions à l’école » m’a tout de suite fait penser à un livre de ma bibliothèque que j’ai lu il y a déjà pas mal de temps : « Parler pour que les enfants apprennent à l’école et à la maison » de Adèle Faber et Elaine Mazlish

 (cliquer sur le livre pour avoir plus de détails)

« Dans ce livre, les auteurs montrent aux parents et aux éducateurs comment travailler de concert en vue d’aider les enfants à résoudre les problèmes qui surviennent à la maison et à l’école, tout en stimulant chez eux le goût d’apprendre. Cet ouvrage aborde plusieurs grands défis contemporains comme, par exemple, comment transmettre aux enfants des habiletés et des attitudes qui leur permettront de devenir des adultes généreux, aimants et dynamiques. » 

Dans ce livre on aborde par exemple la résolution de problèmes :

  • accueillir les sentiments des deux enfants (écouter les enfants jusqu’au bout)
  • résumer le point de vue de chacun des enfants (pour voir que l’on a bien cerné le problème de chaque côté)
  • exprimer ses propres sentiments (en quelques mots)
  • inviter les enfants à réfléchir pour trouver une solution
  • écouter toutes les idées…sans les juger
  • choisir ensemble les idées que nous prévoyons d’utiliser et la façon de les mettre en pratique

Vous trouverez également une liste d’options pour remplacer la punition  à la maison ou à l’école :

Au lieu de proférer des menaces, vous pouvez :

  1. Lui suggérer un comportement plus convenable
  2. Exprimer votre désapprobation avec vigueur (sans faire le lien avec le caractère de l’enfant)
  3. Exprimer vos attentes
  4. Lui montrer comment redresser la situation
  5. Lui donner le choix
  6. S’il continue, le laisser subir les conséquences de sa conduite

J’ai trouvé sur le net une carte mentale qui résume bien le livre :

parler-pour-que

(Credit photo : http://www.donnezdusens.fr)

 

En conclusion, je pense qu’il existe une multitude de façons de faire autrement pour que nos enfants apprennent à vivre avec les autres et à respecter les règles en collectivité mais surtout pour les amener à un peu plus de discipline personnelle.

 

Je terminerai pas ces réflexions de l’enseignante présentée dans le livre :

« En tant qu’enseignants, notre objectif dépasse la simple transmission des faits et de l’information. Si nous voulons que nos élèves deviennent des êtres humains capables de sollicitude envers les autres, nous devons les traiter avec sollicitude. Si nous valorisons la dignité des enfants, nous devons enseigner par l’exemple la façon de respecter leur dignité. Si nous voulons lancer dans le monde de jeunes personnes qui se respectent elles-mêmes et qui respectent les autres, nous devons commencer par les respecter. Et nous ne pouvons le faire à moins de témoigner du respect envers ce qu’elles ressentent »

Des articles intéressants à lire :

Sandrine de S Comm C avec son article « Punir ça sert à quoi ?

Sur le blog Ensemble Naturellement : La Lettre d’une maman à la directrice de l’école

 

 

4 réflexions au sujet de « Ma vie de « special mother » : Les punitions à l’école, mes interrogations…des solutions ? »

  1. Je suis prof. Je suis d’accord sur la théorie. En pratique… Quand à chaque cours j’ai 5 élèves qui ont un comportement ralentissant les apprentissages de tout le monde ça risque faire perdre pas mal d’heures de cours à expliquer le pourquoi du comportement. Je suis prof d’anglais.

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    • Je sais qu’à première vue ça ne paraît pas simple à mettre en oeuvre mais dans le livre il y a beaucoup d’exemples avec des élèves de tous âges et au final on se rend-compte que c’est possible. Vous perdez déjà du temps avec ces élèves qui perturbent alors peut-être en essayant quelques techniques du livre vous en gagnerez par la suite avec des élèves qui auront l’envie d’apprendre et qui se sentiront écoutés…à tester en tout cas 😉

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  2. Votre article est très intéressant et les références évoquées donnent envie d’aller plus loin. Je voudrais juste ajouter une dimension sans laquelle le discours ne serait qu’à » charge », c’est la réalité de la gestion de la classe ,au quotidien , avec des enseignants qui sont humains et donc faillibles.La punition calme parfois, et si elle est justifiée, expliquée mais surtout si la même cause donne toujours le même effet quel que soit l’élève, je pense qu’elle peut être un recours à utiliser.Il m’arrive de punir mes élèves, toujours après plusieurs avertissements, quand la punition est effectuée, on n’en parle plus, elle n’est plus jamais évoquée, on repart à  » zéro ». Mais je vais en parler avec ma classe (cm1,cm2) pour avoir leur sentiment quant aux punitions.
    En tout cas merci de votre publication qui incite à réflexion .
    Bonne soirée,

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    • Bonjour Evelyne, le but de cet article est de faire prendre conscience aux enseignants, parents ou toute personne qui s’occupe d’enfants que derrière un comportement, surtout qui se répète, se cache certainement autre chose. Quel est le message que nous envoie l’enfant ? Je le constate tous les jours avec mes enfants, derrière un comportement violent se cache par exemple une grosse frustration, qui, à nos yeux, peut paraître sans importance. Le fait de reconnaître cette émotion, d’en parler, de trouver des solutions ensembles amène de la sérénité et un climat de confiance. Je ne tolère pas pour autant le comportement violent « tu as le droit d’être en colère mais tu n’as pas le droit de frapper » mais j’essaie de comprendre pourquoi. Peut-être qu’en prenant le temps d’écouter les enfants, ce qu’ils ont à dire et surtout comment ils se sentent, on évitera les punitions qui, selon moi, n’enseignent rien à l’enfant sur son comportement. Mais je vois que vous vous interrogée déjà et je trouve cela chouette ! Je vous invite à lire le livre qui regorge de mises en situation avec les élèves et amène vraiment à se poser des questions et à agir différemment. A bientôt 🙂 Mélanie

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