Témoignages d’enseignants, ceux qui s’interrogent et qui finissent par comprendre

Voilà un texte envoyé ce matin par la marraine de Léo, enseignante à la retraite, merci Tatie Acacia !!

tata fantadys

Institutrice de CP et de CE1 (également de maternelle) , à la retraite depuis 2005, je suis aussi ! la marraine de Léo, et de la maman de Léo .

J’ai toujours travaillé pour aider les élèves « en difficulté scolaire  », comme l’on dit dans le milieu des enseignants en essayant de trouver des stratégies de remédiation, de remise en cause de notre enseignement …mais ce n’est que depuis que la dyspraxie a été reconnue chez Léo que j’ai réalisé combien nous, les enseignants , nous sommes loin de trouver des solutions , nous sommes loin de comprendre leur intelligence, nous sommes loin de nous adapter à leurs façons de penser, de réfléchir  … et pourtant c’est notre rôle, ce n’est pas à l’enfant de s’adapter à notre enseignement …

Plus je lis sur ce blog (et sur d’autres bien sûr) tout ce que des parents ou membres de la famille d’enfants DYS proposent comme adaptations , plus je me dis : si j’étais encore en activité, je foncerais sur cette approche globale pour donner du sens à tout ce que nous enseignons, j’utiliserais les cartes mentales  et aiderais les enfants à les constuire  car ce sont vraiment des outils que l’enfant peut s’approprier  et ce pour tous les enfants d’une classe car nous avons tous dans nos classes des enfants DYSfférents même s’ils n’ont pas été détectés !

Mon souhait serait de faire connaître ce blog aux instit et autres personnes qui cherchent des solutions pour aider des enfants , aux supérieurs hiérarchiques aussi pour qu’enfin les instit fassent confiance aux enfants et à tous ceux qui ont compris ou qui essaient de comprendre comment avancer et non stagner ..

Tatie Acacia

TÉMOIGNAGE D’ENSEIGNANTE. Lausanne, le 17 février 2013 – Extrait du site du Dr Alain Pouhet.
Dans ma pratique, j’ai eu la chance d’accompagner des enfants de différents âges,
présentant des troubles praxiques. Impossible de décrire un “enfant type”; chaque situation est différente, chaque enfant réagissant, se construisant, apprenant, …en fonction de sa personnalité, de son histoire, de son passé scolaire et de ses éventuels troubles associés.
Je trouve que la problématique de la dyspraxie n’est pas facile à cerner. Quand j’ai
commencé à enseigner il y a une quinzaine d’années, on n’en parlait pas du tout. Pas plus
d’ailleurs que de dyscalculie, de haut potentiel ou d’hyperactivité, de déficit d’attention…
C’est toute une diversification de notre métier, de l’observation, des adaptations, qui, il faut
bien l’avouer ne sont pas toujours simples. Sur une classe d’une vingtaine d’élèves, nous
trouverons toujours plusieurs situations particulières différentes. Elles vont tour à tour nous déstabiliser, nous irriter, nous remettre en question, nous mettre en route, nous rendre créatifs. Mais cela rend notre travail riche et nous avons beaucoup à apprendre avec ces enfants!
Dans le cas de la dyspraxie, pour moi, reviennent souvent les mêmes interrogations :
Au moment de faire connaissance, la première chose qui me frappe est la difficulté
d’organisation, et cela dès le vestiaire ; dans l’habillage pour les petits et dans l’organisation dans les affaires, cahiers, agendas, pour les plus grands.
Puis vient l’aspect scolaire; je remarque souvent une grande lenteur dans l’organisation et
l’exécution des tâches. La tenue du crayon et le graphisme sont compliqués, et ceci n’est pas limité aux petites classes.
L’enfant est aussi en difficulté d’imitation ; il semble comprendre ce que je lui dis, mais ne
parvient pas à reproduire un mouvement, une position, un dessin. De ce fait, ses
coordinations sont maladroites à la gym, à la piscine ou au bricolage.
L’enfant semble perdu face à son travail, c’est comme s’il n’avait pas de repères; il ne sait
pas par où commencer ni comment continuer. Il a de la difficulté à faire deux choses à la
fois, si je parle pendant que les élèves écrivent, soit il s’arrête pour m’écouter, soit il
continue son travail, mais n’a aucune idée de ce que je viens de dire. De même, il aura du
mal à gérer deux contraintes simultanées : “soigne ton écriture et vérifie l’orthographe”.
J’ai le sentiment de répéter toujours les mêmes consignes, encore et encore. L’enfant a beau écouter (la plupart du temps, c’est le cas), on dirait que les choses ne s’impriment pas. C’est comme s’il ne retrouve pas le chemin pour y arriver.
Dans ces situations, un sentiment d’agacement peut rapidement émerger, avec l’envie de
bousculer l’enfant. Pourquoi cet élève, qui semble intelligent, ne parvient-il pas à retenir et
restituer ce que je lui enseigne? Le fait-il exprès? Est-il flemmard? Est-il à ce point assisté à la maison qu’il n’a aucune autonomie?”
Irritation. Impuissance. Ce sont des sentiments à dépasser si l’on veut comprendre et aider.
De son côté, l’enfant se sent probablement aussi perdu.
Intelligent, il a pleinement conscience de ses difficultés à faire face aux tâches demandées, mais ne peut pas décrire ce qui ne va pas.
Je me souviens d’un enfant de 10 ans sortant d’un entretien avec son enseignante, qui l’avait convoqué au bureau et lui avait sincèrement demandé “s’il la prenait pour une idiote”.
N’ayant rien trouvé à répondre sur le moment, il s’était écrié en sortant : “si je la prends
pour une idiote, et bien elle, elle me prend pour un demeuré!”
Pour éviter à l’enfant et l’enseignant de s’enfermer dans une incompréhension mutuelle,
pour trouver un soutien et des pistes,il est alors important pour lui comme pour moi d’avoir un regard extérieur. Dès que les troubles évoqués ci-dessus durent plus de quelques semaines, qui sont de l’ordre de la mise en route, je n’hésite plus à voir les parents, puis à faire appel aux spécialistes. Ensemble nous pouvons trouver des pistes, développer des stratégies, adapter le matériel, les exigences, les évaluations.
Pour l’enseignant que je suis, ce dernier point est souvent difficile ; adapter les exigences,
n’est-ce pas injuste pour les autres enfants? À l’école, nous sommes si souvent attachés à cette idée : ne pas faire de différences! Je me suis laissé remettre en question par cette
remarque d’un spécialiste “La véritable injustice n’est-elle pas de lutter avec une dyspraxie, une dyslexie, un trouble d’attention (…), de travailler plus que les autres pour un moins bon résultat, de ne pas pouvoir montrer ce qu’on sait, ni restituer ce qu’on a appris?”
J’ai déjà pu constater qu’un enfant “dys-” qui se sent compris, aidé, et que l’on valorise, peut développer des stratégies et devenir acteur de ses apprentissages. Il ne faut pas minimiser la capacité d’un enfant de trouver ses propres façons de faire, efficaces et innovantes! Ses difficultés ne disparaissent pas, mais il sait qu’il peut apprendre, se construire et connaître des situations de réussite. Et c’est si gratifiant pour tout le monde!

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A propos nannymel_special_mother

1 maman, 2 blogs, 3 enfants ! Fantadys est un blog pour venir en aide à toutes personnes en lien avec des enfants dys (apprendre autrement via le mind-mapping, le jeu...) et Ma Vie de Special Mother est un blog sur ma vie de maman, axé sur la maternité, la petite enfance, l'éducation bienveillante et positive.

2 réflexions au sujet de « Témoignages d’enseignants, ceux qui s’interrogent et qui finissent par comprendre »

  1. hé héééé bon j’ai longuement hésité.. Où poster mon commentaire au rayon « parents » ou aux rayons « enseignants » ???
    Le second semble un peu moins fourni alors je vais y mettre un peu d’animation
    Angélique ! Enchantée de faire votre connaissance.
    Je suis PE (prof des école pour les non-initiés) et accessoirement maman de 3 enfants.

    hou la c’est déjà bien rempli hein ? Hé bien détrompez-vous je suis maman de 3 enfants DYSLEXIQUES DYSORTHOGRAPHIQUES.
    ah oui là ça pique… Au 1er on se dit « bon ça arrive… »
    au 2e « ahhh les garçons !!! »
    et l’orthophoniste de l’époque de me dire « oh vous savez ça touche aussi beaucoup de petites filles d’ailleurs la maman qui vient de sortir a 3 filles toutes les 3 dyslexiques »
    Oiseau de mauvais augure !
    Quand Solène est entrée en CP je suis tombée de haut très haut trop haut pour une maman…

    Il a fallu accusé le choc et se lancer tête baissée dans les recherches tâter tatilloner titiller… On essaie un peu tout (et parfois rien) nos 3 petits loups sont un peu mes cobayes. Ce qui marche sur eux et aussitôt réinvestit en classe (et PAS QUE pour les dys) car finalement….
    Oui finalement parfois je me demande si ce ne sont pas nos petits dys qui tournent rond et nous qui nous triturons les méninges 😉

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    • Merci pour votre témoignage ! Après de nombreuses recherches ( qui ne s’arrêtent toujours pas car on va toujours de découverte en découverte quand on tente quelque chose) j’adhère totalement à votre dernière phrase et je pense qu’ils ont un grand rôle à jouer pour nous montrer une voie , souvent inexplorée, une voie qui permettra à tous de réussir selon son propre potentiel, DYS ou pas….. à très bientôt !

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